Été 2008 : Discussion en forêt...

Texte composé par mon oncle JY qui a ce talent inné de faire ressortir l'émotivité de chaque situation.. L'action se passe en plein coeur du camp de chasse-pêche-bleuets de mes grands-parents...

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''Hey qu'on est bien ! Ces quelques jours en forêt vont nous revigorer pour un bout de temps encore !''

''Où est Lucien ? Il faudrait qu'on partage ce moment ensemble. Qu'est-ce qu'il fait ? Il ne doit pas être loin, je vais aller voir où il est, il faut qu'il partage ce moment avec moi, ça va lui faire du bien mon pôvre p'tit vieux !''

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''C'est certain qu'il n'est pas loin, il marche pas vite puis il vient de partir, je vais pouvoir le rattraper si je me dépêche un peu..''

''Ch'sais ben pas ce que m'man fait, j'espère qu'est pas dans le camp, c'est certain qu'elle est fatiguée mais il faut qu'elle se force un peu pis qu'elle profite du grand air !''

''Mais c'est pas facile pour elle, on est rendus loin pis le voyage est long pour venir icitte. Maudit que ch'suis pas fort, ça m'a mit à bout c'te run là. J'vais aller voir ce que m'man fait pis je vais lui dire de venir avec moi, à moins qu'elle dormirait. Si c'est le cas je vais la réveiller pis l'amener avec moi. Une fois rendu elle vas aimer ça, c'est certain..''

''Faut que je rejoigne p'pa. Je vais me prendre une chaise pis je vais aller voir ou il est rendu. Il doit être assis à que'que part par le chemin là-bas. Au pire allé si je le trouve pas je m'en reviendrai, pis je me coucherai pour faire un petit somme. Il doit pas être loin. Il marche pas vite en ce temps-ci. Moi non plus mais je vais me dépêcher et je vais pouvoir le rejoindre. Une p'tite marche ça n'a jamais tué personne, je vais me dépêcher et je vais pouvoir le rattraper.''

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''Lucien, Ohéé, Lucien, t'est où? Je m'en viens te rejoindre. Bouge pas ! Fais-moi pas marcher pour rien, j'ai pus 20 ans moi là, là. Es-tu ben loin? J'te vois pas. T'es-tu dans le chemin qui vas au lac?''

''C't'affaire, t'aurai du me le dire que tu partais, j'serais allée avec toi. T'aurais pu amener ma chaise, je te trouve pas trop galant...''

''Ohé, chu icitte, en haut d'la côte dans le chemin du lac. Va-t-en envers le chemin du lac, fait attention de pas t'enfarger, vient-en pas trop vite envers le chemin du lac.......Ohéé... tu m'as t'y entendu ?








''Entouka, une chance que je me débrouille, sinon je resterais couchée dans le camp toute la journée, pis toi tu t'sauverais de moi encore...''

''Ch'te dis qu't'es pas trop galant, j'ai pu 20 ans, puis ch'suis fatiguée moi là, là..''

''Il y a des pistes d'orignal dans le chemin, j'aime mieux ça que des pistes d'ours. Lucien tu bouges pas là ! Je m'en viens te trouver, pis fait moi pas marcher pour rien...''

''T'as ben l'air découragé, à quoi tu pensais là, tu files-tu bien?''

''Ouais pas pire mais , j'ai marché jusqu'en bas d'la côte, pis là tout d'un coup j'vois t'y pas une meute de loups. Y devaient être une dizaine au moins.... pis y avaient toute le poil raide su'l dos, pis y m'argardaient avec leurs yeux jaunes moutarde......... J'ai juste un p'tit canif dans les poches, j'pouvais quand même pas affronter une quinzaine de loups enragés avec un canif.... même pas aiguisé en plus......''

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''T'exagère pas un peu toé là, là..........''

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''Ban en fait j'ai vu juste une piste de loup mais elle était tellement fraîche que la vapeur sortait de dedans....... T'sais, chus pas fort pis j'ai eu peur de me perdre. Ça fa que je suis revenu vite sur mon chemin. Pis j'me dépêchait mais criss j'tais rendu trop loin et là ça a pris du temps, je m'suis assis icitte, pis j'étais raide mort, ça fait que j'me reposait un peu''

''Toi je pensais que t'étais couchée.. Ben chu ben content que tu m'ais rejoint. On est ben icitte. Il fait beau et il faut profiter au max comme dirait Joel, de ces beaux moments. Ça nous est donné par la grâce du bon dieu de pouvoir avoir de si beaux moments toi et moi.......... ma chérie....''

''Arrête tes discours sympes, "ma chérie" mon oeil... ch'suis tellement niaiseuse, ch'suis pas capable de me débrouiller toute seule...''

''Toi..... arrête tes discours sympes, t'es pas niaiseuse, juste un petit peu agée, mais pas niaiseuse... T'as pu 20 ans comme tu disais tantôt......

''Tu te rappelles-tu quand on s'est vus la première fois su mon frère Joe? Ben là, c'te fois-là j'ai vu la plus belle fille du monde. Hey........... c'était pas rien, tu venais de finir ton cours normal au couvent de Roberval et tu t'en venais à St-Léon pour transmettre ton savoir aux enfants de chez nous..''

''Oui je me rappelle de ça. Moi aussi j'te trouvais beau. T'avais l'air fort, mais t'étais un peu gêné. Ça me faisait ben rire de te voir rougir des joues.''

''Et puis tu te rappelles-tu un peu plus tard quand les filles su Joe nous faisaient étriver, elles disaient que Lucien avait un p'tit bégin pour la maîtresse d'école. Pis quand que tu rougissais aussi à table quand je soupais avec vous autre, su Joe, on riaient ben gros.''

''Arrête tes niaiseries ! C'est pas moi qui était gênée, c'est toi. Pis ton frère Joe il en mettait épais à ton sujet : Lucien c'est un moyen bon gars, y'est fort comme un ours, pis intelligent comme un singe, pis y'est p't-être ben comme un lapin, ça on le sait pas encore. Ça te ferait un bon mari, pis y ferait des enfants beaux et forts Lucien...''

''Tu veux que je dise quelque chose, je le croyais ton frère Joe et puis j'espérais que tu me trouvais assez belle toi aussi....''

''Hey on n'en a fait du chemin depuis ce temps là.... Pis toi tu as jamais lâché. Les bébés, changer les milliers de couches, la couture.. Hey tu faisais le linge de tout l'monde, le tricot, le crochet, la broderie, faire du bon manger pour toute la marmaille, le ménage d'la grande maison, le lavage du linge avec ta laveuse à tordeur, l'étandage su'a corde à linge, le repassage, la cueillette des fruitages, la pêche, soigner les enfants malades, consoler un enfant qui avait de la peine, faire les devoirs avec les enfants, la discipline avec les ados, les trois flo's qu'y étaient pas reposant, les filles pis leur adolescence, les garçons qui ton fait mourir d'inquiétude parce qu'ils rentraient tard de veiller, l'écoute des joies et des peines des autres, ta gentillesse a l'égard de tout l'monde, le partage avec tes frères et soeurs moins bien nantis, pis mets en. J'aurai pas assez d'la journée pour dire tout ce que tu as fait pour ta famille. T'as été une cuisinière hors pair, une grande artiste, une ménagère, couturière, raconteuse, écouteuse, brodeuse et surtout, t'as été une bonne épouse, une bonne mère, une bonne grand-mère pis là t'es rendue une bonne arrière-grand- mère. Pis il te reste juste à relaxer pis prendre le plaisir qui t'es offert par la grâce du bon dieu...''

''Hé que tu parles bien quand tu te donne la peine. Des fois j'te reconnais pas tellement tu parles bien..''

''Ch'suis pas si pire que ça...... viens on vas aller souper. Pis là faut pus qu'tu dises que t'es niaiseuse. C'est pas correct c'est comme si tu me disais que j'aime une niaiseuse. Pis moi je veux pas que le monde pense que j'aime une niaiseuse........''

''Moi j'me suis marié avec une maîtresse d'école, pis la maîtresse d'école elle a pris tout son savoir et ses nombreux talents, pis elle l'a transmit tout au long des années à ses enfants, qui eux à leur tour, les ont transmist à leurs enfants qui eu à leur tour, les ont encore transmis à leurs enfants....... et pis......... Finalement elle est pas si pire la niaiseuse hein....... Elle a, et elle continue d'impacter sur la vie de centaine de personne qui ont une grande admiration pour elle parce qu'elle leur a tant donné à tous...........''

''Ouais quand on r'garde ça comme ça c'est vrai que ch'suis pas si pire. Y en a des pires que moi. Merci mon beau p'tit vieux, ça me réchauffe le coeur de t'entendre parler de même. Je t'aime ben gros, même si des fois.........''

''des fois quoi?''

''des fois.........rien.........''